Brenne le brâme

 

                                        Nuit de pleine lune+V


 

                            

                              Les muses du grand cerf

 

 

La journée en Brenne a été chaude, très chaude. Dans la nature, les chemins, les buissons, sur les étangs, la vie sauvage s’est endormie. Les roselières, les sous bois sont habités et discrets.

                 Cette fin de soirée, assis près de la bonde de l’étang Vieux, le butor étoilé butit, particulier ce mugissement, qui traverse l’étang et se reproduit à trois reprises pour reprendre quelques instants plus tard. Etrange bruit. Crescendo, le crépuscule efface la lumière si personnelle au pays des mille étangs. Le couchant pourpre l’onde, embrase la végétation, la nature peu à peu reprend ses habitudes, les foulques macroule s’agitent, plongent et replongent à la recherche de nourriture. Le martin-pêcheur de son cri strident rase l’eau. D’encre noire la nature s’est habillée. A l’est une lueur perce le rideau feuillus.    

                  Cette nuit, mes yeux font scintiller les étoiles semées au firmament de la voûte Céleste. La pleine lune échappée de l’orient compliqué, s’éblouie du spectacle, caressée par Jupiter éclairée, planète à la grande tache rouge au plus prés  de la terre : ( 591 millions de Kms ) en ce mois de Septembre 2010.Les anciens Grecs l’assimilaient au Dieu des Dieux.

                 Cette obscurité est grandiose, notre satellite naturel se mire sur les ondoiements de la surface de l’étang, qu’une légére brise du sud anime. Le visage de notre astre si régulier, s’ovalise au gré des rides et s’allonge sur les ondes de son miroir ébloui. Les phragmites épais bruissent sous les caresses de ce vent doux et léger. Poésie d’instants, à cette seconde où tous les sens sont fébriles. La nuit que l’on pourrait imaginer si silencieuse s’anime. Loin, très loin les aboiements d’un chien qu’une inquiétude réveille perturbent le calme de cet Eden.  Dame Lune se masque de légers cirrus. Réveillée la chouette hulotte ou chat huant perchée au creux du feuillage du grand chêne multi centenaire chuinte. Ses hululements singuliers, vespéraux, en font dans l’esprit populaire un oiseau de malheur. Pour les romains elle annonçait la mort. Des colverts cancanent et traversent le rai de la lune. Un héron cendré surpris s’envole en rase-mottes, en criant d’un son rauque et croassant, agitant les grenouilles dans un concert assourdissant. Un ragondin en silence se frotte la moustache assis sur son derrière. L’activité de la faune nocturne donne une autre dimension à cet univers d’eau, de roseaux, de vasière, de taillis, de brandes, ceint de grands feuillus. La fièvre des secrets de la vie entre le coucher du soleil et son lever, l’émotion de ces moments, et la connaissance de ce temps, ou chaque bruit demande à être identifié, amplifie cette durée de partage avec le lieu. La paix intérieure avec soi même poétise tous ces instants. 

                 Le craquement de bois morts, le déplacement de feuilles mortes, un souffle perceptible rompt cette plénitude. Du couvert de la forêt de chênes pédonculés, qui encerclent l’immense étendue liquide, les muses d’un grand cerf, le commencement du rut annonce la période du Brâme.

                                                                                                                                                                  A suivre.......

                                                                                                                        J.Claude TERNY

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                                          «  l’avenir à chaque instant presse le présent d’être un souvenir ­­­­  »

 

                                                                                                                       Arago

 

                

 

 

 

 

 


  

 

 

 

 

 

 

 

 

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